Motion du Laboratoire MUSIDANSE, 26 juin 2020


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Les membres du Laboratoire MUSIDANSE sont opposés à l’adoption de la LPPR (Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche) que le gouvernement veut faire passer de force, malgré les très vives protestations de la communauté universitaire, et ceci dans cette période si particulière de déconfinement, au début de l’été.
Les enseignant.es chercheur.es et doctorant.es du laboratoire tiennent à rappeler l’avis très négatif du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) qui a été adopté le 24 juin dernier, après que le CESE ait été saisi par le gouvernement. Cet avis peut se résumer en quatre préconisations :
 
1. « Une programmation financière qui n’est pas à la hauteur des défis considérables auxquels notre pays doit faire face ». Le Cese estime indispensable d’atteindre très rapidement l’objectif de 3% du PIB tel qu’il était mesuré avant la crise. Il rappelle l’urgence d’un sursaut en faveur de l’investissement public dans la recherche qui doit se traduire sur le plan budgétaire dans le plan de relance et d’ici la fin du quinquennat : 1) par l’affectation de moyens à hauteur de 6 milliards d’euros, pour atteindre l’objectif de 1% de PIB de dépenses publiques ; 2) par la mise en œuvre d’une politique qui permettra aux entreprises d’augmenter de 14 milliards d’euros supplémentaires leurs dépenses de recherche pour atteindre l’objectif de 2% de PIB de dépenses privées. Au-delà, la programmation doit permettre à la France de progresser vers le niveau d’investissement des pays les plus en pointe. Le Cese demande plus de visibilité sur les financements et leurs impacts. Il recommande de mettre à plat les aides publiques directes et indirectes à la recherche et de les flécher plus efficacement pour permettre aux entreprises d’investir dans la R&D.
 
2. « L’augmentation du budget de l’ANR ne suffira pas à résoudre les problèmes des laboratoires ». Le Cese préconise de rééquilibrer les financements et, indépendamment des financements par appel à projets, de redonner aux établissements de recherche la marge de crédits de base leur permettant de développer une véritable politique scientifique ; cela implique d’articuler des financements de base en volume suffisant avec des financements sur projet. Les dotations de base doivent être suffisantes pour permettre au budget des établissements de l’ESR d’assurer la totalité du financement des programmes de recherche des laboratoires, des charges structurelles des établissements et des infrastructures de recherche (équipement lourd et mi-lourd, renouvellement), par dotations annuelles.
3. « Renforcer l’attractivité des carrières scientifiques en revalorisant les rémunérations ». Le Cese demande que les rémunérations des chercheurs soient significativement revalorisées (grilles indiciaires dans le secteur public et grilles conventionnelles dans le secteur privé). Les grilles doivent tenir compte du niveau de qualification à Bac+8. Par ailleurs, le projet annonce un travail avec les représentants du personnel. Une attention devra être apportée au déroulement des carrières des enseignants-chercheurs et des chercheurs relevant du Mesri.
 
4. Procéder à un recrutement massif. Pour préserver et conforter les atouts de notre système national de recherche qui ont fait sa réputation, et pour permettre de contribuer à la résorption de la précarité, le Cese demande la mise en œuvre d’un plan exceptionnel de recrutements effectifs de l’ordre de 5000 à 6000 emplois par an pendant cinq ans, sur des postes statutaires (EPSCT et EPST) ou permanents (Epic), tous métiers et toutes disciplines confondus, dans les universités et les organismes de recherche publics. Il s’agit de garantir le recrutement des chercheurs et des enseignants-chercheurs sur des emplois permanents (dans le respect du statut de la fonction publique qui préserve l’indépendance de la recherche et la continuité des missions ou en CDI dans les Epic).
Les membres du laboratoire MUSIDANSE appellent à se mobiliser le 8 juillet en participant au Festival contre la LPPR et en suivant l’appel du Comité de mobilisation national de coordination des Facs et labos en lutte et de l’intersyndicale ESR (SNTRS-CGT, CGT FERC Sup, CGT Inrae, SUD éducation, SUD Recherche EPST, Solidaires Étudiant-e-s, L’Alternative, UNEF, Snesup-FSU, SNCS-FSU, SNEP-FSU, Snasub-FSU, FO ESR).