« EKPHRASIS et musique... »


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Journées d’études
18, 19 novembre 2021, salle de recherche, bibliothèque de l’université Paris 8
Responsable: Joël Heuillon
CISI Musidanse


L’ekphrasis est a? l’origine, dans la litte?rature antique, un genre litte?raire consistant a? de?crire une image de sorte telle que les mots en restituent puissamment l’e?nergie (en-a-e-rgeia = image vive). Le genre ressuscite a? la renaissance et tous les arts s’emparent de ce qui devient alors un principe poe?tique, la « fonction imageante », qui selon l’objet de la repre?sentation (plus ou moins concret ou abstrait), recourra a? tels ou tels proce?de?s d’e?criture ou de composition (langagiers et formels).

De?s lors la musique se proposera de ‘fabriquer’’ des images par ses moyens propres, de les faire surgir du texte (de les « re?ve?ler », au sens ‘photographique’’ du terme). La musique vocale est le premier lieu d’e?mergence du proce?de?, avec des images statiques, dans le madrigal polyphonique (figuralisme), puis ensuite dynamiques, avec la monodie (stile rappresentativo). « L’image » sonore ainsi conc?ue permettra certes la repre?sentation d’actions, mais surtout, et souvent sur un mode me?taphorique, de passions (tempe?te-cole?re, locus aemenus-bonheur, etc...)
Contre toute attente, le visuel du the?a?tre musical ne constituait pas le tout des « images » convoque?es, il y avait au dela? de l’image donne?e, celles relaye?es par le texte et re?ve?le?es par la musique : les ‘‘message?res’’ des premiers ope?ras donnaient ainsi a? voir, le relatant (sur le mode d’un « corps-the?a?tre »), un e?ve?nement tragique advenu ailleurs, de fac?on si convaincante, par l’e?loquence de?ploye?e (tant par les cre?ateurs, que par les interpre?tes), qu’Orphe?e, par exemple, avait ainsi ve?ritablement assiste? a? la mort d’Eurydice (‘the?a?tre dans le the?a?tre’’,
ekphrasis mise en sce?ne, comme ‘manifeste’’ en acte du nouveau style repre?sentatif)). Monteverdi a expe?rimente?, notamment dans le Combat de Tancre?de (Livre VIII des madrigaux), divers proce?de?s repre?sentatifs vocaux, mais e?galement instrumentaux, contribuant a? la narration la plus vive.
La musique instrumentale ‘pure’’ va ensuite utiliser ce proce?de? (parmi d’autres) pour se donner les moyens de s’autonomiser de la pre?sence d’un texte. La musique a? programme, de?s le 17
e?me sie?cle, inte?grera cette « fonction imageante » (ekphrasis) dans son arsenal poe?tique.
Il est e?vident que ce proce?de? sous-entend(ait) une comple?te implication, responsable et efficace, de la part des interpre?tes.
D’autres disciplines (litte?rature, arts plastiques, arts du spectacle, critique...) ont eu recours a? ce proce?de? ge?ne?ratif pour penser et mettre en œuvre ou bien rendre compte de cet effet ‘‘visuel’’ produit les œuvres. La didactique elle me?me, en particulier pour ce qui concerne la musique, y a recours pour, de manie?re me?taphorique, e?voquer ou « de?crire », au dela? des affects manifeste?s, la re?ception (singulie?re) d’un objet musical. De manie?re plus the?orique, on pourrait aussi questionner le discours critique ou musicologique me?me, qui, ne pre?tendant pas « remplacer » ou « transposer » l’œuvre, a? tout le moins, se propose de la de?crire avec une efficacite? qui en e?lucide (en partie) les proce?dures poe?tiques. De la musicologie comme une sorte de
meta ekphrasis du coup, qui nous questionne sur l’efficience (en termes de techniques d’e?criture textuelle et graphiques) et donc sur l’utilite? de ce me?ta-regard.

 

Jeudi 18 Novembre

10h00 Joël Heuillon (Université de Paris 8, Département de Musique, Cisi, « Euridice 1600-2000 ») Ouverture : Présentation générale?

10h25 Françoise Graziani (Université de Corse) : « Ekphrasis et energeia : la méthode pour faire image d’Aristote et des rhéteurs grecs »

11h00 Joël Heuillon : « De Monteverdi en peintre... » + Adrien Alix (Doctorant en musicologie, directeur musical de « Euridice 1600-2000 ») & Alice Fagard (Mezzo soprano)?

11h45 Simona Morini (Comédienne, chanteuse de tradition populaire, metteure en scène, directrice de la Compagnie « Errance ») : « Ce que nous montre Ariane qui se lamente... » + Adrien Alix & Alice Fagard

?12h30 Discussion

13h00 Pause méridienne

14h15 Charles Arden (Conseiller pédagogique au Pôle Sup’93 et Critique musical pour Ôlyrix) : « L’Ekphrasis musicale du pédagogue et du critique »

14h55 Adrien Alix & Alice Fagard : « De quelques récits en musique du premier baroque » (Domenico Mazzocchi et Francesca Caccini)

15h45 Pause

16h00 Danièle Villemin (Université de paris 8, Musique) et Rachel Roguin (IUFM de Créteil) : "De l’usage de l’ekphrasis en éducation musicale au collège"

16h45 Discussion?

17h30 FIN


Vendredi 19 Novembre

10h00 Henrique Cantalogo (Compositeur, pianiste, improvisateur) : “Ekphrasis et notation musicale : la force imageante des partitions dessinées”?

10h50 Julien André (Pôle Supérieur Paris- Boulogne Billancourt, MNHN- CNRS (UMR 7206), percussionniste, improvisateur et ethnomusicologue) : « Improviser... stratégies didactiques »

11h10 Jasser Haj Youssef (Compositeur, violoniste) : « Rencontre avec le compositeur-interprète Jasser Hadj Youssef »?

12h00 Florian Villain (Ater SHS, Université de Caen) : « De l’ekphrasis comme stratégie démonstrative chez Lorenzo Giacomini »

12h40 Discussion

13h00 Pause méridienne

14h20 Jean Paul Olive (Université de Paris 8, Département de Musique, Cisi) et Alice Fagard (mezzo soprano) : « Du recours à l’ekphrasis dans le Pierrot lunaire d’Arnold Schoenberg »

15h10 Pause?

15h30 Alice Fagard : « Autour de la Sequenza pour voix, de Luciano Berio, stratégies interprétatives » + Simona Morini

16h10 Discussion générale et conclusion

17h20 FIN

Peinture illustrant le thème de la journée d’étude Ekphrasis