Séminaire transdisciplinaire EDESTA Arts, écologies, transitions, session 2023-24 : Formes de radicalité


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Séminaire inter- et transdisciplinaire de recherche EDESTA 2023-2024

Responsables : Roberto Barbanti, Clara Breteau, Jean-François Jégo, Makis Solomos, Cécile Sorin (enseignant .es-chercheur.es ; Yann Aucompte, Ulysse Del Ghingaro, Alice Gervais-Ragu, Huayra Llanque (docteur.es et doctorant.es)


Le séminaire transdisciplinaire Arts, écologies, transitions, initié en 2016, poursuit son chemin, en s’enrichissant de nouvelles collaborations. Pour 2023-24, il souhaite explorer les formes de radicalité. La notion de « radicalité » renvoie à celle de racine et, d’une certaine manière, tout aussi bien à la profondeur qu’à la partie cachée d’un phénomène. Par conséquent, l’adjectif « radical » implique une capacité d’analyse entière, voire accomplie, qui va jusqu’au bout.

Dans l’art, cette notion convie des pratiques de recherche et expérimentales qui ont souvent contribué à élargir le concept d’art lui-même. Le contenu généralement attribué à l’art radical concerne aussi la notion d’engagement et d’implication politiques manifestes contre les pouvoirs, les intérêts économiques dominants ou questionnant les pratiques artistiques « officielles » et qui se soumettent à ces pouvoirs et intérêts.

Dans l’écologie politique, dans la mesure où les gouvernants actuels se saisissent de la question écologique selon une logique gestionnaire – dont le constat analytique « vu du ciel » s’appuie sur des chiffrages statistiques, des mesures, des modélisations, et dont la mise en œuvre se caractérise par des plans, des programmes des réglementations, des taxes ou des compensations – il n’est pas étonnant de voir émerger en réponse une forme d’« écologie radicale », plus concrète, rejoignant l’écologie dite « profonde » (cf. Yves Citton, Pour une écologie de l’attention, Points, 2014), mettant en œuvre des actions proches de l’activisme tels la dénonciation, l’occupation ou le sabotage. La démarche tendrait à se recentrer sur le vivant, proposant de combattre le productivisme, de ralentir, de promouvoir la proximité, parfois la décroissance, les communs ainsi qu’une alternative faite de convivialité et de singularités.

Par ailleurs, de nombreux artistes travaillent actuellement sur la radicalité du pouvoir et des intérêts économiques en place. L’analyse, la déconstruction critique et la dénonciation de leur jusqu’au-boutisme sont au centre de leurs projets. Ils et elles thématisent la question de l’extrémisme des gouvernants qui s’exprime par des pratiques littéralement écoterroristes, par l’appropriation et la destruction des communs, par l’aggravation des divers modes d’exploitation sociale, genrée, par les logiques extractivistes, spécistes etc., un extrémisme qui a pour but une « an-esthésie » généralisée et programmée. Les artistes leur opposent, avec leurs œuvres, de nouveaux modes de sentir et d’être ensemble, des solutions concrètes et des alternatives globales de relation au monde non polluées par ce cynisme radical et sans limite (jusqu’au-boutiste). Ainsi, création et imagination s’entremêlent avec engagements et activismes, faisant naître des militantismes esthétiques et des artivismes, ou des formes issues des pratiques. 

Le séminaire se propose, en invitant des artistes et des théoriciens de l’art, de rendre compte et d’analyser comment l’art, par sa radicalité, peut contribuer à l’écologie politique en proposant des « utopies réelles » (cf. Erik Ollin Wright, Utopies réelles, traduction Vincent Farnea, Paris, La Découverte, 2010) ; comment il génère des formes directes ou indirectes de productions esthétiques qui critiquent le modèle extrémiste des pouvoirs existants ; il souhaite aussi prolonger le débat en étudiant certains mouvements sociaux de défense, de proposition ou de production qui, sans relever de ce qu’on appelle traditionnellement « art », développent de nouveaux modes de relation sensible au monde.

Identifier ces mouvements à la fois artistiques et écologiques – au sens des trois écologies de Guattari : environnementale, sociale, mentale –, prendre contact avec eux et contribuer à leur compréhension, faire état des éléments constitutifs d’une nouvelle aisthésis, voire d’une nouvelle épistémè  : tels sont les objectifs de ce séminaire, qui traitera aussi du volume collectif à paraître Arts, écologies, transitions. Construire une référence commune.

Le séminaire accueille des chercheur-ses et des doctorant-es.

Plus d’informations : https://www.artstransitionsecologies.art/

 

Mercredi 25 octobre 2023, 18h-20h, INHA (Institut National d’Histoire de l’Art), salle Walter Benjamin

Ouverture par les organisateur.trices du séminaire. Le collectif organisateur présentera le programme de l’année et proposera plusieurs pistes de réflexions introductives autour des formes de radicalité.

 

Mercredi 29 novembre 2023, 18h-20h, INHA (Institut National d’Histoire de l’Art), salle Walter Benjamin

•Gabriel Gendin (doctorant EDESTA, Université Paris 8) : Des défis situés et radicaux autour des technologies : Production artistique et éducation en/provenance du territoire latino-américain

•Invités : Juliette Bibasse, Joanie Lemercier, commissaire et artiste : Art, technologie et activisme

•répondant : Jean-François Jégo

 

Mercredi 20 décembre 2023, 18h-20h, Université Paris 8, salle A2-217

•Angelica Speroni (doctorante EDESTA, Université Paris 8)  : Lucia Romualdi. Portrait d’une artiste radicale

•Invitée : Eliane Beaufils (Université Paris 8, théâtre) : présentation d’un livre collectif à paraître

 

Mercredi 14 février 2024, 18h-20h, INHA, salle Pierre Jean-Mariette

•Maël Hamey-Jakubowicz (doctorant EDESTA, Université Paris 8)  : Fanfares et radicalité : organisations musicales et politiques 

• Invité : Xavier Garnier (Université Sorbonne nouvelle, littératures française et francophone) : Lecture de La Dissociation (roman de Nadia Yala Kisudiki) et présentation des activités du collectif ZoneZadir 

• Répondantes : Marie Cazaban-Mazerolles et Zoé Carle (université Paris 8)

 

Mercredi 10 avril 2024, 18h-20h, INHA, salle Pierre Jean-Mariette

• Daniel Picciola (doctorant EDESTA, Université Paris 8) 

• Invitée : Anne Alombert (université Paris 8, philosophie)

 

23-25 mai 2024. Colloque international : Arts, écologies, radicalités

 

Lieux :
Université Paris 8 : 2 rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis
INHA : 2 Rue Vivienne, 75002 Paris