Séminaire MUSIDANSE, 2021-2022


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Mardi 12 avril 2022, 15h30, MSH Paris-Nord
Écho d’affect d’effroi : une recherche-création du potentiel audible
Installation et présentation de l’installation

Jérémie Nicolas

Comprise comme une action intentionnelle, l’écoute musicale rend d’abord compte d’une capacité à qualifier les sons de la musique. Souvent tenue à l’écart de l’apprentissage technique, la question de l’affect de l’écoute souffre de binarismes qui opposent la pratique et l’analyse du son à un mode de réception passif ou distrait, essentiellement façonné par l’appropriation subjective. À l’inverse, la focalisation sur l’affect glisse dans un tout événementiel conduisant à une suffisance esthétique qui répète, en alimentant les rumeurs de la « litanie audiovisuelle » (J. Stern), les mêmes mécanismes d’opposition binaire. Il arrive que l’affect de l’écoute musicale dégénère et que le « beau passage » (T. W. Adorno) prenne pour l’auditeur la forme d’un choc interruptif semblable à un effroi (T. Reik). En quoi l’affect, lorsqu’il se déborde lui-même, qu’il éclate et arrête la possibilité de penser, peut intéresser le musical et renouveler l’approche de l’écoute ? En partant d’une installation sonore pour un dispositif d’occlusion cylindrique en feuilles d’acier, Haraka (« mouvement » en arabe), l’instrument central d’une thèse en recherche-création menée à Paris 8 sous la codirection d’Anne Sèdes (Musidanse/CICM) et Joseph Delaplace, il s’agit d’une part d’appréhender l’écoute musicale comme une tension envers le potentiel audible du mouvement, et de l’autre de réfléchir à la détonation affective qui coïncide parfois avec un silence de voix, ici en lien avec le trauma colonial algérien. Recueillis dans une série d’enquêtes de Grégor Mathias menées avec d’anciens supplétifs algériens, et conservées dans la phonothèque de Véronique Ginouvès à la MMSH d’Aix-en-Provence, les silences enregistrés, à l’inverse d’un vide, apparaissent comme un bruit blanc, un potentiel en excès pour la composition. Le dispositif d’occlusion amplifie des moments musicaux composés à partir des silences recueillis. En les diffusant directement à travers l’acier à l’aide d’excitateurs audio, ces moments musicaux sont sans cesse redoublés de résonances incidentes. Notamment dues aux écarts infra minces des zones de recouvrement des feuilles entre elles, les réactions du dispositif silencient parfois complètement la source audio, alors inaudible en tant que telle.
 
Sce ?nographie : Maryline Gillois
Me ?tallurgie : Lou Force
Image : Ce ?cile Friedmann
Production : Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord, ArTeC, Edesta
 
 

Mardi 22 mars 2022, 15h30-18h, salle A3-317
La romance dans l’œuvre de Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794)

Clotilde Verwaerde

En tant que genre vocal, la romance est incontournable dans l’histoire de la musique française : couvrant une période de plus de cent ans entre la seconde moitié du 18e siècle et la fin du suivant. La romance fait l’objet de nombreux recueils pour voix et piano, mais elle sert également de passerelle entre les univers de la scène et du salon, trouvant sa place dans des opéras, opéras comiques, opérettes. J’ai choisi d’aborder ce très riche répertoire en plaçant au centre de mes recherches les textes de l’académicien Jean-Pierre Claris de Florian. Je présenterai les différents aspects que cet ancrage permet d’aborder sur une plage chronologique bien plus large que l’œuvre d’un.e seul.e compositeur.rice. Les mises en musique de ses textes, notamment celles du roman d’Estelle (1788), sont également le point de départ d’un travail d’interprétation : chanter et accompagner la romance, mais aussi la narrer et la scénariser. L’enregistrement (audio) de cinq romances d’Estelle, que j’ai pu réaliser dans le cadre des activités de recherche de l’équipe CISI en novembre dernier, illustre les premières étapes de ce travail de recherche et interprétation.

Lundi 6 décembre 2021, 18h-21h, salle A0165
L’institution imaginaire de la musique

Alexandre Pierrepont

En deux temps trois mouvements : la geste de la musique, selon les femmes et les hommes de l’Association for the Advancement of Creative Musicians, basée à Chicago et à New York. Où, après une évocation de la déconcertante chorégraphe et anthropologue Katherine Dunham, l’on réexaminera les trois devises ou mottos / mojos de l’AACM, notamment à travers le cas emblématique de l’Art Ensemble of Chicago : A Power Stronger than Itself : l’art ensemble et séparément ; Ancient to the Future : dans toutes les règles de tous les arts ; Great Black Music : le polymorphisme et le métamorphisme d’une musique-monde. Le tout afin de parvenir à dire quelque chose de la creative music née de l’expérience noire du monde moderne, comme une institution sociale alternative (voire comme l’institution imaginaire d’une société).

Lundi 15 novembre 2021, 15h-18h, salle A2-217
Séance autour de l’ouvrage : Christine Roquet, Vu du geste. Interpréter le mouvement danse

Avec Guilherme Hinz, Olga Moll, Christine Roquet, Makis Solomos

Dans ce livre, Christine Roquet interroge les différents savoirs implicites dont on trouve la trace dans la langue spécifique des danseurs : que veulent-ils dire lorsqu’ils parlent de « s’appuyer sur l’espace », de « donner son poids » ou de « danser à l’écoute » ? La danse est-elle une affaire de corps ? Pourquoi parler de geste plutôt que de mouvement ? Qu’en est-il de l’état de corps, de l’émotion, du partage de l’espace, lorsque nous dansons ou nous regardons danser ? Qu’est-ce que lire le geste dansé ? Comme s’y prend-on et avec quels outils ? Comment les savoirs de la pratique circulent-ils en danse, entre danse de scène et danse de bal par exemple ? Et quelle pensée de l’altérité ou quelle théorie de l’imaginaire peuvent nous aider à développer les « manières de faire » des danseurs ?
Durant ce séminaire, les invités interrogeront à leur tour Christine Roquet sur ses propositions, tant du point de la danse que de celui de la musique.

 Lundi 25 octobre 2021, 18h-19h30, salle A0165
Présentation et échange avec la compositrice Pascale Jakubowski

Pascale Jakubowski (intervenante, compositrice), Anis Fariji (répondant, post-doctorant au Centre Jacques-Berque au Maroc, USR3136 – CNRS associé à l’Université Paris 8), Diane Schuh (répondante, doctorante contractuelle, équipe Centre de recherche en Informatique et Création Musicale, Université Paris 8) et Simon Marsan (modérateur, ATER, équipe Composition, Interprétation, Scène, Improvisation, Université Paris 8)

Pour cette séance, qui sera une discussion ouverte, la compositrice française Pascale Jakubowski, d’origine polonaise et née en Algérie, viendra échanger avec nous autour de sa musique. Ecrivant pour tout effectif instrumental, avec ou sans électronique, et intégrant par moment des instruments traditionnels ou anciens, la musique de Pascale Jakubowski a la particularité de développer des rapports d’altérité dont les ramifications sont historiques, artistiques — avec notamment la poésie, ou les arts plastiques —, stylistiques — on remarque quelques inspirations prises au rock —, ou culturelles — Europe, Afrique, Asie, Jamaïque. À partir de ces différents constats, des réflexions politiques seront susceptibles d’émerger, qu’elles concernent l’histoire, l’écologie, ou encore, entre autres exemples, la place de la femme dans la société et dans les arts, ce qui permettra d’en révéler le caractère multiple de l’œuvre de cette compositrice. Au-delà de la seule intervention et des échanges sur le vif que celle-ci suscitera, cette séance sera l’occasion de continuer à réfléchir sur les interactions possibles entre la recherche et la création que nous développons au sein du laboratoire Musidanse.

Vendredi 9 avril 2021, 14h-17h
Séance autour de l’ouvrage : Composer en danse. Un vocabulaire des opérations et des pratiques, Les presses du réel, collection Nouvelles scènes/Manufacture, 2019.

Avec Yvane Chapuis, Myriam Gourfink, Julie Perrin
 

Cette séance sera l’occasion pour les auteures Yvane Chapuis (Responsable de la recherche à La Manufacture, Lausanne), Myriam Gourfink (chorégraphe, Cie Lol danse, Paris) et Julie Perrin (Musidanse, université Paris 8) de présenter cette parution. L’ouvrage s’appuie sur une recherche conduite entre 2015 et 2019 à partir d’une enquête menée auprès de dix chorégraphes.
En discussion avec Myrto Katsiki, Isabelle Launay, Olga Moll, Valentina Morales, Alvaro Oviedo, Simon Marsan.