Séminaire MUSIDANSE, 2022-2023
L’analyse d’esquisses compositionnelles est l’un des domaines les plus fertiles d’une approche philologique de la musique sur support écrit. Pourtant, ces traces de l’acte compositionnel peuvent également ouvrir les portes à une discussion plus générale autour de la théorie musicale, et même sur certains aspects cognitifs de la musique. Je montre ces perspectives à partir de mes derniers travaux sur Iannis Xenakis et Alberto Posadas.
ENGLISH. “Some lineages are written. Some are spoken and some are shared from one song to the next. Some are silent. Most of what we have from back then, is, well, in pieces—memory fragments woven with a little truth. The quilts that cover us today, they’re a mix of blue, brown, white, black and held together with lots of myth patches”. Composer and creative flutist Nicole Mitchell, Professor at the University of Virginia, will explore invisible lineages, provoking memories, and inspiring ghosts, as part of her interdisciplinary musical journey, which will include music from her album Xenogenesis based on Octavia Butler’s book Dawn.
L’idée d’un « entre les mondes », complexe, constitue une hypothèse de recherche, à multiples facettes interrogeant aujourd’hui le travail de création dans les champs des arts visuels et sonores. Exposée dans l’ouvrage Le Corbusier & Iannis Xenakis. Un dialogue architecture / musique (éditions Imbernon, 2018) la dialectique de l’architecture et de la musique constituerait un élément « moteur » pour le créateur (l’architecte, le compositeur, l’artiste, voire l’ingénieur), un « entre les mondes » complexe, une diathèse particulièrement fertile. La publication de l’ouvrage collectif Entre les mondes, Iannis Xenakis participe à la communication d’un travail interdisciplinaire, réalisé à plusieurs voix, recueillant des points de vue à partir de cette idée d’« entre les mondes », axée autour de la figure de Xenakis. Je propose d’ouvrir la discussion avec Alain Bonardi et André Villa à partir de quelques projets ou principes innovants de corrélations architecture / musique : le travail de diathèse architecture / musique réalisé pour le Pavillon Philips de 1958, l’idée d’espace enveloppant défini par Iannis Xenakis autour de la conception du projet (non réalisé) de la Cité de la musique, la pluridisciplinarité fondée notamment sur la perception (Guillaume Loizillon), le principe d’architecture du non-poids précurseur de la société post-pétrôle, le principe d’environnement sonore chez Iannis Xenakis (« être au sein d’un environnement sonore », Makis Solomos), le travail et/ou principe de « prise de site musicale » (Alain Bonardi, Songes de la nef, 2018).
Cette présentation a pour objet les fonctions du masque utilisé dans la cérémonie religieuse. Pour cela, je prends l’exemple du rite « Shizume no mai (Cérémonie pour la pacification) » exécuté à la toute fin de la cérémonie Hanamatsuri (Fête des fleurs) de la Préfecture d’Aichi au Japon. Cette cérémonie comprend des danses rituelles qui se caractérisent par l’utilisation de différents masques de créatures folkloriques japonaises appelées oni. Il s’agit de créatures ressemblant beaucoup à des humains mais dotées d’un visage déformé. C’est une présence effrayante pour l’humain mais qui revêt une nature ambigüe, comme souvent dans le folklore japonais, puisqu’elle apporte aussi des bienfaits à la société humaine. Dans la cérémonie Hanamatsuri, les fidèles convoquent l’esprit divin. Cette existence divine est représentée par les officiants-danseurs qui portent le masque d’oni. Où vont les oni ? Après avoir exécuté diverses danses rituelles, ils doivent partir afin que le lieu du rituel retrouve sa nature originale, voire profane. Pour cela, le départ de l’esprit divin est l’action la plus importante de la cérémonie Hanamatsuri. C’est donc le rite étudié dans cet article : Shizume no mai dans lequel le chef des officiants effectue plusieurs techniques rituelles pour le renvoyer. J’applique la méthode de segmentation de l’analyse musicale à mon analyse chorégraphique, et éclaircit trois techniques rituelles effectuées dans ce rite. Ici, le corps humain est utilisé comme instrument rituel sonore. En répétant le même mouvement dans des directions déterminées, l’officiant prononce le mot magique dit in, physiquement. Cette analyse confirme l’importance de traitement du silence dans l’étude ethnomusicologique du rituel.