Mahalia LASSIBILLE


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Maître de conférences

Mahalia Lassibille est anthropologue de la danse, spécialisée en Afrique. Formée à l’Université de Bordeaux II, elle a passé en 2004 sa thèse intitulée « Danses nomades. Mouvements et beauté chez les Peuls WoDaaBe du Niger » à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales sous la direction de Jean-Loup Amselle. Son travail ethnographique l’a conduite à croiser des outils utilisés en danse (analyse du mouvement, analyse chorégraphique...) et en anthropologie. Elle a été maîtresse de conférences à la section danse de l’Université de Nice entre 2008 et 2013, puis au département danse de l’Université de Paris VIII depuis 2013. Elle est membre du laboratoire MUSIDANSE (Équipe d’accueil Esthétique, musicologie, danse et création musicale), et membre associée à l’unité de Recherches Migrations et Société (URMIS). Elle fait partie du comité scientifique éditorial de la revue Recherches en danse (http://danse.revues.org/) et du conseil scientifique au sein de l’aCD (association des Chercheurs en Danse).

A partir d’enquêtes de terrain menées au Niger entre 1994 et 2012, en France et au Sénégal depuis 2018, sur des danses dites « traditionnelles », « contemporaines » mais aussi « urbaines », elle engage trois axes de recherches principaux :

Circulations de danses et de gestes en Afrique
A partir d’une ethnographie multi-située, Mahalia Lassibille étudie les circulations des danses en Afrique, les dynamiques gestuelles qu’elles comprennent, les imaginaires qui s’y rattachent, les enjeux artistiques, politiques et identitaires qui en découlent. Elle a analysé tout d’abord les danses des Peuls WoDaaBe du Niger dans un cadre cérémoniel, puis scénique lors de festivals en France et enfin touristique, ces trois contextes interagissant. Elle a également mené des recherches auprès de chorégraphes et d’enseignants en « danse africaine » et « danse contemporaine africaine » en France, au Niger et au Sénégal pour en saisir les processus créatifs et les strates de (re)africanisation. Elle travaille actuellement sur les circulations de danses et de gestes à travers les supports vidéo et les pratiques numériques.

Les catégories en danse : fictions, contradictions et recompositions
Mahalia Lassibille développe une réflexion méthodologique sur le recours aux catégories en danse qui parcourent nos travaux de recherche et sur leurs mécanismes de pouvoir. Dès lors, comment nommer et analyser des pratiques sans participer soi-même à l’édification de catégories de façon explicite ou sous-jacente ? Après un travail de déconstruction de la catégorie « danse africaine » et « danse contemporaine », elle analyse les processus de catégorisation et envisage la manière dont les danseurs et danseuses, chorégraphes, enseignant.e.s les interprètent et les utilisent. Elle s’intéresse notamment aux « contemporanéités » en danse en étudiant le recours aux catégories « danses modernes », « afro » et danses « urbaines » dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest.

Mémoire(s), transmissions et créations en danses hip-hop au Sénégal – focus Krump
Mahalia Lassibille mène actuellement ses recherches auprès de danseurs et danseuses hip-hop au Sénégal (breakdance, popping, krump, house), à Dakar en particulier, pour y documenter tout d’abord l’histoire des danses hip-hop largement méconnue par rapport à celle du rap, et mettre à jour les mémoires des danseurs en croisant les points de vue de différentes générations. Elle l’articule avec les pratiques actuelles des danseurs hip-hop et étudie également les transformations en cours en termes de transmission et les logiques en termes de création, en y intégrant l’usage des vidéos, la place des réseaux sociaux et l’enjeu des battles.
Elle développe son travail en particulier sur le K.R.U.M.P, acronyme de Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise, pour saisir à quelles (ré)appropriations il donne lieu à Dakar et approfondir les processus à l’œuvre dans « la fabrique de gestes » des krumpeurs. 

Page dédiée : http://www.danse.univ-paris8.fr/chercheur.php?cc_id=4&ch_id=378


Publications

Direction d’ouvrages collectifs et de numéros de revues

Elina Djebbari, Mahalia Lassibille, Laura Steil (dir.), « (Dist)danses : une anthropologie des danses sur internet », Emulations. Revue de sciences sociales, N°46, 2024

Federica Fratagnoli, Mahalia Lassibille (dir.), Danser contemporain. Gestes croisés entre Afrique et Asie du Sud, Deuxième Epoque, Montpellier, 2018

 Articles dans des revues à comité de lecture

Escrever a dança em antropologia : a violência da pesquisa na ponta da caneta, Art research journal, vol. 3, N°2, 2016, https://periodicos.ufrn.br/artresearchjournal/article/view/10919

« « La danse africaine » : une catégorie anthropologisée. Les effets retours des disciplines scientifiques sur les disciplines artistiques », EspacesTemps.net, Travaux, 22.08.2016, URL : http://www.espacestemps.net/articles/la-danse-africaine-une-categorie-anthropologisee/

« Lever les bras » ou « être possédé » : le redoutable transfert de l’écriture du geste. Ethno-graphie(s) de la possession chez les Peuls WoDaaBe du Niger, CORPS (à paraître 2016)

« Les scènes de la danse : entre espace touristique et politique. Chez les Peuls WoDaaBe du Niger », Cahier d’Etudes Africaines, XLIX (1-2), N° 193-194, 2009 : 309-335

« Stratégies chorégraphiques. L’exercice politique de la danse chez les WoDaaBe », Journal des anthropologues, N°112-113 « Anthropologie des usages sociaux et culturels du corps », 2008 : 155-181

« Les danses woDaaBe entre spectacles touristiques et scènes internationales : les coulisses d’une migration chorégraphique », Autrepart, N°40 « Tourisme culturel réseaux et recompositions sociales », 2006 : 113-129

« « La danse africaine », une catégorie à déconstruire », Cahiers d’Etudes Africaines, XLIV (3), N° 75, 2004 : 681-690

 

Chapitres d’ouvrages

« Décentrer « le contemporain » en danse. Perspectives africaines (Niger, Sénégal) », dans L. Cappelle, E. Claire, M. Guellouz (dir.), Chorégraphier l’égalité culturelle. Pour une histoire décentrée de la danse, volume 2, Paris, L’Harmattan, Collection logiques sociales, 2024.

« Ecrire « la danse » en anthropologie : la violence de la recherche au bout du stylo », dans M. Del Valle, B. Maurmayr, M. Nordera, C. Paillet, Al Sini (dir.), Pratiques de la pensée en danse. Les Ateliers de la danse, dirigé par, Thyrse N°14, L’Harmattan, Paris, 2020 : 191-206

« « A dança africana », uma história de mal-entendidos : entre construção categorial e recomposições coreográficas », dans L. Garrabé et M. Acselrad (dir.), Campo de forças : olhares antropológicos em dança e performance, Belém, PPGArtes/UFPA, 2020, ISBN : 978-65-88455-09-8

« Quand la catégorie (dé)catégorise. Autour du processus d’interprétation du « contemporain » en danse au Niger », dans Danser contemporain. Gestes croisés entre Afrique et Asie du Sud, Deuxième Epoque, Montpellier, 2018 : 287-316

« Introduction », avec Federica Fratagnoli, dans Danser contemporain. Gestes croisés entre Afrique et Asie du Sud, Deuxième Epoque, Montpellier, 2018 : 5-23

« Danser dans un champ de bataille. Anticolonialisme, nationalisme et rivalités artistiques au premier festival culturel panafricain d’Alger de 1969 », dans Danser en 68. Perspectives internationales, dirigé par Isabelle Launay, Sylviane Pagès, Mélanie Papin et Guillaume Sintès, Deuxième époque, collection Linéaris, 2018 : 175-194

« La “danse africaine contemporaine” : un paradoxe chorégraphique. Une ethnographie de la catégorisation en danse au Niger » dans Chloé Delaporte, Léonor Graser, Julien Péquignot (dir.), Penser les catégories de pensée. De l’objet à l’objectivation dans l’étude des arts, des médias et des cultures, L’Harmattan, coll. « Ouverture Philosophique », Paris (à paraître 2016).

« Les danses africaines traditionnelles : des pratiques contemporaines", dans Annie Dupuis (dir.), Ethnocentrisme et Création, Editions de la Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 2013 : 451-469

« Arriver/partir », dans Marie Glon et Isabelle Launay (dir.), Histoires de gestes, Actes Sud, Arles, 2012 : 147-163

« Quand la mémoire de l’ethnologue vacille. Oubli, confrontation et réappropriation d’une recherche en danse », dans Marina Nordera et Suzanne Franco (dir.), RicorDanze : memoria in movimento e coreografie della storia, UTET, Torino, 2010 : 267-285

« Beautés assassines », dans E. Azouly, A. Demian, D. Frioux (dir.), 100.000 ans de beauté humaine, vol 4. Modernité, Ed. Babylone/Gallimard, Paris, 2009 : 188-190

Colloques nationaux et internationaux

« Le smartphone comme outil chorégraphique. Ethnographie des usages des fonctionnalités vidéo connectées par les krumpeurs de Dakar », Colloque international Afrinum « Cultures populaires et identités en actes. Technologie numérique, musique et danse en Afrique et au-delà », Campus Condorcet Aubervilliers, 27 mars 2024

« Quand le krump est africain. Intermédialité vidéos et mutations des luttes chez les krumpeurs de Dakar », PoP Moves Online Symposium « Social Movements. Convergences of Popular Dance, Justice, and Media », 24-25 février 2024

« Circulations des danses, (im)obilités des danseurs ouest-africains : imaginaires et pratique » avec Sarah Andrieu et François Bouda, Workshop « Tensions globales et dynamiques de création en Afrique de l’Ouest. Développement et reconfigurations d’un champ artistique », Université Joseph Ki Zerbo/ Goethe Institute / CDC La Termitière, Ouagadougou, 8 janvier 2024

« Professionnaliser les danses hip-hop à Dakar : des stratégies mosaïques », Symposium « Bridging the gap between gown and town », Nigéria/Sénégal, dance studies association, en ligne, 24-25 octobre 2023.

 « La modernité » vue d’Afrique : circulations et déclinaisons d’une catégorie en danse (perspectives sénégalaises), Coloquio Cuerpos, historias, políticas. Perspectivas transdisciplinarias y transfronterizas 3er Encuentro Red Descentradxs, Barranquilla, 2-6 oct. 2023

Journées d’études et séminaires

« Danser avec son téléphone. Circulations de gestes et usages des smartphones par les krumpeurs de Dakar », Atelier Histoire et anthropologie des circulations, séminaire de master, Musidanse, 1er déc 2023.

« « La danse africaine ». Un malentendu catégoriel. (Re)mises en perspective depuis l’Afrique », séminaire « Performativités noires cultures visuelles, corps noirs et performances  », Institut National d’Histoire de l’Art, Paris, 27 juin 2022
 

« Apprendre par film. Diffusion et (ré)interprétation du documentaire Rize par des krumpers au Sénégal », Journées d’Etudes Histoire des circulations en danse, Laboratoire Musidanse, Université Paris 8, 16 avril 2022.
 

« Faire avec son âge. Méthodologies de terrain et effets de génération en danse hip hop au Sénégal », Journée d’études « Danser jeune… Danse et jeunesse / jeunesse de la danse », Lyon, 28 mai 2021

Communications publiées

« Du choix catégoriel du chercheur : entre art et soin. A travers la possession chez les WoDaaBe du Niger », dans Claire Mestre, Marion Géry, Marcelle Géber (dir.), Arts soins, les frontières imaginées, ebook La pensée sauvage (à paraître)

 « « Quand le touriste, c’est l’autre. Une anthropologie du tourisme chez les Peuls WoDaaBe du Niger », dans Ph. Bourdeau, L. Bensahel-Perrin et H. François (dir.), Fin (?) et confins du tourisme. Interroger le statut et les pratiques de la récréation contemporaine, Paris, Harmattan, Collection Les idées et les théories à l’épreuve des faits, 2013 : 137-151

« Les WoDaaBe, vendeurs de bijoux en Occident », dans H. Tourneux et N. Woïn (dir.), Migrations et mobilité spatiale dans le Bassin du Lac Tchad, Actes du XIIIème Colloque international de Méga-Tchad, Ed° I.R.D., CD rom, 2010

« Des danses à l’identité chez les WoDaaBe du Niger », Pratiques corporelles, N° 124, 1999 : 15-21

« L’homme et la vache dans l’esthétique des Peuls WoDaaBe », dans C. Baroin et J. Boutrais (dir.) L’homme et l’animal dans le Bassin du lac Tchad, Ed° IRD, Collection Colloques et Séminaires, Paris, 1999 : 251-262