Texte, voix et expression dans la musique contemporaine autour de la Méditerranée
Colloque
17 et 18 mars 2016, Université Paris 8
Responsable : Anis Fariji et Jean Paul Olive
Depuis sa préhistoire, la Méditerranée a été bercée par le chant. Aède grec, amdi ?z berbère, Aç ?k turc, troubadour roman ou š ??ir arabe, autant de figures méditerranéennes ayant porté le chant, la poésie et la musique au sein de leur peuple tout au long de leurs pérégrinations. Ainsi, depuis le début, pourrait-on dire, langue et musique se sont-elles intimement mêlées et marquées l’une l’autre. Qu’elle soit sacrée ou poétique, savante ou vulgaire, rituelle ou quotidienne, l’expression verbale s’intensifie et s’enchante sitôt qu’elle épouse la musique. Mais à l’inverse, les traditions musicales en Méditerranée se sont fortement nourries et enrichies grâce aux textes et aux « images » qu’ils portent : des incantations rituelles au chant lyrique de l’opéra, en passant par les cantillations religieuses, les romances populaires, le madrigal italien ou le chant savant arabe.
La composition musicale contemporaine autour de la Méditerranée s’approprie ce matériau traditionnel richement imprégné par le langage verbal. Qu’il s’agisse de la dimension métrique, rhétorique ou syntaxique qui peut structurer le déploiement musical, ou qu’il s’agisse de la dimension expressive, porteuse d’images aussi bien mythiques que poétiques, la composition contemporaine réinvestit la langue. En retour, par sa démarche distanciée et critique à l’égard de l’héritage, la musique contemporaine accueille l’image textuelle non pas telle qu’elle pourrait s’imposer sous sa forme traditionnelle, voire conventionnelle, mais transforme celle-ci en la faisant advenir à même la composition musicale. On se trouve alors en face d’une fécondation réciproque : d’une part, la musique prolonge la mémoire de toutes ces images méditerranéennes parfois oubliées ou refoulées mais, d’autre part, en projetant celle-ci vers une nouvelle dimension, contemporaine, elle éclaire ainsi d’un nouveau jour ce que la mémoire conservait dans l’ombre.