Journée d’étude
Université Paris 8, lundi 24 mars 2025, de 13h à 18h
Les conférences se tiendront successivement en salle A1 163 (studio de danse), puis en salle A 128.

Responsables : Christine Roquet (Danse, geste et corporéité) et Fabien San Martin (CISI)

Les années 1950 et les décennies suivantes virent émerger des œuvres au sein desquelles les sons de l’usine, ainsi que les mots des ouvriers, trouvèrent une expression directe dans une dialectique entre l’aliénation et la dureté du travail à la chaîne, d’un côté, et sa transfiguration esthétique.

Depuis les années 1980 et jusqu’à nos jours, l’expérience des travailleurs et les objets qu’ils fabriquent, aussi bien que leurs outils, se voient transfigurés dans des œuvres musicales qui les intègrent au cœur de leur palette sonore et de leur instrumentarium, comme de leur écriture et de leur réalisation, dans une démarche participative, comme c’est le cas dans les œuvres de Nicolas Frize.

D’inspirateur/d’initiateur (ou de « commettant idéologique », selon l’expression de Luigi Nono), l’ouvrier devient en plus interprète et producteur des sons émis dans la composition, qui lui fournissent un matériau nodal joignant deux mondes a priori séparés socialement. L’œuvre a par ailleurs pour les ouvrières et les ouvriers fonction de miroir et d’outil de réflexion.

D’une façon similaire, dans le domaine de la danse, les gestes ouvriers, en tant qu’ils peuvent fournir au chorégraphe un « véritable répertoire de mouvements », constituent tout à la fois la « mémoire d’une culture ouvrière » et de « potentiels matériaux chorégraphiques », comme l’écrit Sylvie Balestra, balançant là encore entre deux ontologies distinctes et complémentaires.

C’est ce rapport étroit et évolutif entre le monde ouvrier et sa translation chorégraphique et musicale que l’on se propose d’étudier dans cette journée d’étude qui réunira le compositeur Nicolas Frize, les chorégraphes Sylvie Balestra et Alexandre Roccoli, ainsi que des enseignant-e-s des Départements Danse et Musique de l’UFR Arts.